Cet article est reposté depuis Le blog de Jacques Le Houezec.
Mise à jour 26 mars: on continue dans la diffamation et la désinformation...
http://cevenol.blog.lemonde.fr/2014/03/26/les-croises-de-lecig/#comment-42
Hier, 24 mars, Marc Schindler publiait un article dans Médiapart reprenant un article du NY Time : E-cigarette : « C’est le Far-West »
N'étant pas abonné à Médiapart, il est impossible de répondre à cet article sur leur site. Pourtant ce Monsieur m'a diffamé dans son article, laissant entendre que comme tous les scientifiques qui supportent l'e-cigarette, je devais être financé par cette industrie.
Marc Schindler a cependant posté son article sur un autre blog où il est possible de répondre, ce que j'ai fait:
Jacques Le Houezec dit : 25 mars 2014 à 13:50
Cher Monsieur,
N’ayant pu laisser un message sur votre publication de Médiapart, c’est ici que je vous répondrais.
Nous assistons depuis quelques temps à une désinformation totale sur l’e-cigarette. Les journalistes, ou la plupart d’entre eux, reprennent sans analyse les dépêches de l’AFP ou des articles comme celui que vous avez mis en avant. Avez-vous enquêté, êtes-vous allé dans une boutique vendant des e-cigarettes en France? Je ne le pense pas. Vous auriez un tout autre discours.
La dernière étude californienne, qui a fait grand battage hier, est de la science de rebuts. La communauté du contrôle du tabac monte des études bidons et s’en sert médiatiquement pour diaboliser l’e-cigarette. Même l’American Cancer Society a critiqué de façon virulente cette étude (voir le blog de Clive Bates, http://www.clivebates.com/?p=2073 traduit ici http://www.ma-cigarette.fr/groupe-de-recherche-ouvre-a-nouveau-le-geyser-de-boue-sur-la-cigarette-electronique/).
Quant à l’article du NY Times que vous reprenez, ce n’est qu’une série de déclarations à charge, sans aucun fondement. J’ai honte pour le toxicologue qui ne connaît même pas la toxicité de la nicotine. Celle-ci a été surévaluée depuis plus de 150 ans, mais un article récent de Bernd Mayer a remis les choses dans le contexte. La dose létale de nicotine n’est pas comme on le prétend de 30 à 60 mg de nicotine ingérée, mais au minimum de 500 à 1000 mg absorbés (or, les premiers symptômes de l’intoxication sont les nausées et les vomissements, qui font qu’une grande partie est vomie), et une récente tentative de suicide par une patiente psychiatrique, qui avait avalé 1500 mg de nicotine, ne s’est conclue que par une forte intoxication, mais sans aucune conséquence grave (voir ma présentation ici http://www.e-cigarette-forum.com/infozone/Dr-Jacques-Le-Houezec ou ici en français http://data.over-blog-kiwi.com/0/60/75/08/20140325/ob_6a99bf_conference-cnam-24-01-2014-jlh.pdf).
Vous reprenez les données des centres anti-poison, avez-vous consulté les intoxications par la cigarette de tabac, ou par les produits ménagers? C’est ici : https://aapcc.s3.amazonaws.com/pdfs/annual_reports/2012_NPDS_Annual_Report.pdf
Comparez les chiffres ! Ce qui ne doit pas empêcher les utilisateurs de mettre hors de portée des enfants leurs produits, comme ils doivent le faire je l’espère avec les produits ménagers dangereux.
Enfin, je voudrais souligner la diffamation dont vous faites preuve me concernant. Tout d’abord, merci, mais je ne suis pas professeur. Je suis docteur en science et travailleur indépendant, Consultant en santé publique et dépendance au tabac. Je travaille depuis 30 ans sur la nicotine (j’ai été formé d’ailleurs à San Francisco dans le laboratoire du professeur Neal Benowitz). Je suis consultant pour le secteur public (je rédige par exemple la Lettre de la SFT pour les tabacologues avec une subvention de la DGS), mais aussi privé, pour des laboratoires fabricant des substituts nicotiniques ou des médicaments d’aide à l’arrêt du tabac. Je n’ai jamais travaillé ni pour l’industrie du tabac, ni pour celle de l’e-cigarette (j’ai failli accepter un contrat de NJOY, cité dans ma présentation de Londres, mais en fait je l’ai décliné car je n’était pas en phase avec ce fabricant américain). Je vous demanderai donc de corriger votre article, car en le lisant on pourrait croire le contraire. Je vous conseille aussi de bien lire les déclarations d’intérêts des professeurs Farsalinos et Polosa, vous réviserez j’en suis sûr votre jugement hâtif.
Pour terminer, vous me citez dans votre article, pourtant vous ne m’avez jamais contacté. Je ne sais même pas d’où sort cette citation, il aurait été convenable de mettre un lien, puisque vous l’avez repris sans doute d’une de mes interventions.
Merci de m’avoir permis, en publiant ici votre article, d’y répondre, car j’étais très frustré et en colère hier soir en le découvrant sans avoir la possibilité d’y répondre. C’est chose faite. Je suis à votre disposition pour de plus amples informations si vous le désirez.
Bien cordialement,
Jacques Le Houezec
Ce soir il m'a répondu par courriel ceci:
Cher Monsieur,
Je vous remercie d'avoir pris la peine de répondre à ma chronique sur mon blog du Monde. Je précise que je n'ai aucune compétence scientifique, je suis un journaliste suisse retraité, qui s'intéresse à l'actualité. Je suis un ancien fumeur, qui a cessé de fumer il y près de 50 ans et je n'ai jamais vapoté. Contrairement à ce que vous laissez entendre, je ne participe pas à une campagne contre l'e-cigarette. Je n'ai jamais enquêté dans une boutique vendant des e-cigarettes en France.
Je ne mets évidemment pas en cause vos compétences et votre expertise reconnue dans la lutte contre la tabagisme. Je vous donne acte de votre indépendance par rapport à l'industrie du tabac. Mais je m'étonne néanmoins de votre engagement militant en faveur de l'e-cigarette et de votre dénigrement systématique de toute opinion contraire, notamment à l'égard de l'OMS et de la FDA. Vos attaques répétées contre la presse et notamment le New York Times me semblent faire partie d'une campagne délibérée de certains scientifiques pour faire accepter par les pouvoirs publics la libéralisation de l'e-cigarette, sources d'énormes profits.
Je relève aussi que la SNRT dont vous faites partie reconnaît, dans son rapport 2013, que moins de 10% de ses revenus proviennent de l'industrie pharmaceutique. D'autre part, Pfizer et GlaxcoSmithKline financent généreusement les conférences de l'organisation. Vous reconnaîtrez certainement que ces financements ne sont pas les meilleurs garants de votre indépendance en tant que chercheur en santé publique.
Je n'espère pas vous avoir convaincu, mais je ne souhaite pas poursuivre avec vous ou avec quiconque une polémique sur les vertus ou les dangers de la cigarette électronique.
Veuillez croire, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.
Marc Schindler
Puisque ce Monsieur refuse de continuer la discussion, j'ai choisi de lui répondre publiquement ici.
Je suis aussi un ancien fumeur, depuis 30 ans. Et je trouve fort de café que ce soit vous qui me taxiez d'une campagne délibérée, alors que je ne fais que défendre un produit qui pourrait bien délivrer l'humanité du fléau du tabagisme, ce que toutes les tentatives antérieures, tant pharmaceutiques, que politiques ont échoué de faire. Il est étonnant de voir à quel point certains journalistes, et je ne parle pas des politiques comme on a pu le voir récemment avec la Directive tabac, s'acharnent à tuer dans l’œuf un produit qui révolutionne l'arrêt du tabac. Simplement parce qu'il procure du plaisir au fumeur, et que c'est pour cette raison qu'il est efficace. Comme s'il était normal d'arrêter dans la douleur (ne serait-ce pas des relents judéo-chrétiens?). C'est le fameux "quit or die" que l'on a rabâché aux fumeurs depuis plusieurs décennies.
Si j'attaque l'OMS et la communauté de contrôle du tabac, c'est tout simplement parce qu'elle a oublié le fumeur, oublié de lui venir en aide. Elle n'a plus comme leitmotiv que la destruction de l'industrie du tabac, même pas du tabagisme, non, juste l'industrie du tabac, afin de lui faire payer ses crimes. Elle est ainsi coupable d'avoir interdit en Europe la vente du produit du tabac le moins dangereux qui soit, le snus suédois, qui aurait pu sauver des millions de vies, tout comme il l'a fait dans les Pays scandinaves.
Vous attaquez aussi la SRNT, dont je suis un simple membre, sous prétexte que l'industrie pharmaceutique la subventionne à hauteur de 10%. Et vous vous en plaignez? Les 90% restants proviennent de fonds publics. Vous connaissez beaucoup de sociétés savantes qui peuvent se passer totalement du soutien de l'industrie pharmaceutique, ne serait-ce que pour fiancer leurs conférences? La SRNT à ce propos me paraît plutôt exemplaire.
Je suis consultant pour l'industrie pharmaceutique et le secteur public sur le domaine de la dépendance au tabac, c'est mon métier, j'en vis. Cet état de fait est connu de tous, je le fais en toute transparence. Et contrairement à ce que vous dites, cela ne devrait en rien affecter ma prise de position sur la e-cigarette (que je préfère appeler vaporisateur personnel pour l'éloigner encore plus du tabac), bien au contraire, puisque je refuse qu'on l'assimile à un médicament, ce qu'elle n'est pas, pas plus qu'elle n'est un produit du tabac.
Je pense que si vous aviez pris la peine de m'appeler avant de rédiger votre article, puisque vous m'avez cité sans me le demander, cela vous aurait évité de contribuer à la mauvaise image que la presse a tendance à entretenir par ces polémiques stériles.